Mythes sur la Maladie de Crohn et la Rectocolite Hémorragique
Il existe de nombreuses idées fausses qui circulent sur la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH). Si vous en souffrez, il est bon de savoir distinguer les faits de la fiction. Voici donc sans plus attendre quelques affirmations totalement fausses sur la MC et RCH. Vous en connaissez peut-être déjà, mais il est toujours intéressant d’avoir quelques explications supplémentaires.
Si vous tombez sur une information ou un conseil dont vous n’êtes pas sûr, vérifiez toujours auprès de votre médecin.
1. Les MICI et le syndrome de l’intestin irritable (SII) sont identiques :
> Ce n’est pas le cas, bien qu’ils aient deux « I » en commun. Certains symptômes sont communs au syndrome de l’intestin irritable (SII) et aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), mais ces maladies sont très différentes.1,2
Les MICI, comprenantla rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn, sont des maladies associées à une inflammation chronique du tube digestif qui répond aux traitements ciblant le système immunitaire. Le SII est un « trouble fonctionnel » qui n’a aucune cause identifiable et qu’il est possible de gérer au moyen de modifications du mode de vie et de traitements qui s’attaquent directement aux symptômes.1-3
Bien qu’il puisse parfois y avoir une inflammation dans le cas du SII, elle n’a jamais l’ampleur de celle qui caractérise les MICI.1,2
2. La MC et RCH est causée par le stress :
> Il s’agit d’un sujet controversé, mais au bout du compte, il n’y a aucune preuve tangible que le stress provoque la MC et RCH.4,5 Il existe toutefois suffisamment de données qui suggèrent une certaine corrélation entre le stress et l’évolution de la maladie.4,5
Il est difficile de le prouver, car le « stress » est complexe et difficile à mesurer scientifiquement, sans parler de le corréler à une maladie aussi mystérieuse que la MC et RCH.4
Malgré les nouvelles données disponibles, le consensus demeure que le rôle du stress dans l’apparition d’une MICI n’a pas été établi, même s’il peut déclencher ou aggraver les symptômes.5 Parlez à votre médecin ou à l’infirmier(ère) spécialisé(e) dans les MICI si votre état vous stresse vous angoisse de manière excessive.
3. La MC et RCH, c’est dans la tête :
> C’est une autre idée fausse provenant de personnes qui pensent que les MICI et le SII sont identiques.
Bien que certains symptômes soient semblables, il n’existe aucune cause biologique identifiable des symptômes du SII.3
Les MICI sont toutefois complètement différentes. Les symptômes de la MC et RCH ne sont pas psychosomatiques : ils sont dus à l’inflammation très réelle et très active de la paroi intestinale.6 Les scientifiques admettent que des facteurs psychologiques puissent influencer l’évolution de la maladie.5,6
4. La MC et RCH est causée par une intolérance au gluten :
> Cette idée provient sans doute du fait que certaines personnes chez lesquelles la MC et RCH avaient été diagnostiquées présentent une allergie au gluten distincte, appelée maladie cœliaque, qui provoque une inflammation intestinale chronique si elles en consomment. Certaines personnes ont les deux en même temps.7
Les scientifiques ne connaissent pas précisément les causes de la MC et RCH, à la différence de la maladie cœliaque, mais elle n’est pas provoquée par la consommation de gluten.7
Certaines personnes atteintes de la MC et RCH affirment qu’un régime sans gluten soulage leurs symptômes, mais la raison est très probablement que celui-ci semble provoquer chez un sous-ensemble de patients des ballonnements, des problèmes de diarrhée et des douleurs abdominales, qui n’ont rien à voir avec la MICI.8
5. Il est possible de guérir la MC et RCH en changeant de régime alimentaire :
> C’est un autre sujet controversé, mais il n’a pas été prouvé qu’un régime particulier entraînait une amélioration clinique de la MC et RCH.8
Il est en effet très difficile d’étudier et de mesurer les effets de certains aliments sur les MICI,9 ce qui signifie qu’il n’existe aucune preuve irréfutable qui étaye que certains régimes alimentaires provoquent ou aggravent la maladie. Certains aliments semblent cependant intensifier les symptômes chez certaines personnes.9
La MC et RCH se caractérisent par des périodes prolongées de rémission.6 Il est donc plus que probable qu’une personne qui « guérit » grâce à l’alimentation profite simplement d’une période prolongée sans symptômes. Consultez votre médecin ou votre infirmier(ère) si vous souhaitez apporter des changements à votre alimentation.
6. La MC et RCH provoquent à terme un cancer du côlon :
> Cette affirmation est effrayante, mais heureusement, elle est également fausse.
Il est important que vous compreniez et acceptiez que si votre maladie affecte votre côlon, le risque que vous développiez un cancer du côlon est plus élevé, et c’est tout : le risque est plus élevé, mais il n’y a aucune certitude.6
Dans les faits, vous subirez des examens bien plus réguliers que si vous n’étiez pas atteint de la MC et RCH, car votre équipe soignante en est bien consciente.6 Même si vous courez un risque un peu plus élevé d’avoir un cancer du côlon, il est donc également plus probable qu’il soit détecté tôt. Adressez-vous à votre médecin si vous souhaitez obtenir de plus amples informations.
7. Les personnes souffrant de la MC et RCH doivent à terme être opérées :
> Tout d’abord, il ne faut pas avoir peur d’une intervention chirurgicale : si elle est réalisée au bon moment, une longue période de rémission et une amélioration de la qualité de vie peuvent s’ensuivre.10 Le point crucial est toutefois de le faire « lorsque c’est nécessaire ».
Votre médecin ne recommandera l’intervention chirurgicale que si elle est nécessaire et le nombre de personnes souffrant de la MC et RCH qui sont opérées chutent, probablement en raison de l’apparition de nouveaux traitements efficaces.6 Les estimations varient beaucoup, mais les données suggèrent que seulement 18 à 35 % des personnes souffrant de la MC et RCH doivent être opérées dans les cinq ans suivant le diagnostic.6 Votre médecin ne vous parlera de l’intervention chirurgicale que s’il estime qu’elle vous sera bénéfique.
8. Les femmes souffrant de la MC et RCH ne peuvent pas ou ne doivent pas avoir d’enfants :
> Une absurdité !
Il n’existe aucune preuve qu’une MC et RCH bien contrôlée affecte la fertilité ou l’issue d’une grossesse par rapport à la population générale.11
La plupart des médicaments traitant la MC et RCH peuvent être utilisés pendant la grossesse, à l’exception du méthotrexate, qui doit de préférence être arrêté plusieurs mois avant la conception prévue, à la fois pour les hommes et pour les femmes.11
Consultez toujours votre médecin si vous envisagez une grossesse. Le contenu de cet article est uniquement destiné à des fins d’information et d’éducation. Il ne remplace pas un avis médical. Veuillez consulter votre médecin traitant ou un membre de votre équipe MICI pour des questions et/ou des problèmes de santé.
1. Quigley EM. Overlapping irritable bowel syndrome and inflammatory bowel disease: less to this than meets the eye? Therap Adv Gastroenterol. 2016;9:199-212.
2. Barbara G, Cremon C, Stanghellini V. Inflammatory bowel disease and irritable bowel syndrome: similarities and differences. Curr Opin Gastroenterol. 2014;30:352-358.
3. El-Salhy M. Irritable bowel syndrome: diagnosis and pathogenesis. World J Gastroenterol. 2012;18:5151-5163.
4. Camara RJ, Ziegler R, Begré S, Schoepfer AM, von Känel R. The role of psychological stress in inflammatory bowel disease: quality assessment of methods of 18 prospective studies and suggestions for future research. Digestion. 2009;80:129-139.
5. Sajadinejad MS, Asgari K, Molavi H, Kalantari M, Adibi P. Psychological issues in inflammatory bowel disease: an overview. Gastroenterol Res Pract. 2012;2012:1-11.
6. Malik TA. Inflammatory bowel disease: historical perspective, epidemiology, and risk factors. Surg Clin North Am. 2015;95:1105-1122.
7. Pascual V, Dieli-Crimi R, López-Palacios N, Bodas A, Medrano LM, Núñez C. Inflammatory bowel disease and celiac disease: overlaps and differences. World J Gastroenterol. 2014;20:4846-4856.
8. Herfarth HH, Martin CF, Sandler RS, Kappelman MD, Long MD. Prevalence of a gluten-free diet and improvement of clinical symptoms in patients with inflammatory bowel diseases. Inflamm Bowel Dis. 2014;20:1194-1197.
9. Lee D, Albenberg L, Compher C, et al. Diet in the pathogenesis and treatment of inflammatory bowel diseases. Gastroenterology. 2015;148:1087-1106.
10. Vinna A, Cohen L, Lawrence M, Thomas M, Andrews J, Moore J. Early surgery in Crohn’s disease a benefit in selected cases. World J Gastrointest Surg. 2016;6:492-500.
11. Schulze H, Esters P, Dignass A. Review article: the management of Crohn’s disease and ulcerative colitis during pregnancy and lactation. Aliment Pharmacol Ther. 2014;40:991-1008.
C-ANPROM/BE/IBDD/0317 – Sept 2024